[ CARNET DE RÉPÉTITION ] LOUISE
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Samedi 7 juin 2025 – L’été débute à peine que commence déjà la première répétition au plateau de Louise. Pendant tout le mois de juin, la cour de l’Archevêché se fait alternativement le théâtre des amours de Calisto et de celles de Louise.
Toute la journée, l’équipe technique s’est activée pour implanter le décor de la nouvelle production de l’opéra de Gustave Charpentier imaginée par Christof Loy – salle d’attente mystérieuse où la jeune couturière voit défiler ses aspirations et ses angoisses, ses désirs et ses cauchemars. Le bruit des perceuses et l’écho des voix signalent que régisseurs, menuisiers et décorateurs sont encore en train d’arranger les derniers éléments de la scénographie. À la lumière encore forte de l’après-midi, les peintres ajustent la patine des bancs peints en vert et les gravent d’inscriptions attestant de leur grand âge.
18h – Dans une agitation bon enfant, la répétition commence avec le couronnement de Louise comme « muse de Montmartre » à l’acte III. La scène est noire de monde, avec, à cour, un groupe de petits chanteurs turbulent, des gardiens de la paix à l’air goguenard et, au milieu, toute l’équipe des couturières et des petits métiers de Paris ; le Pape des fous campé par Grégoire Mour, juché sur un escabeau côté jardin, s’adresse à cette joyeuse foule, encore complétée par le Chœur de l’Opéra de Lyon. À la demande du metteur en scène, les répétitions ont lieu en costume de scène, facilitant la prise de rôle et surtout le contrôle des effets visuels, de l’harmonie des couleurs et des formes. L’un des techniciens se faufile dans la masse pour aller tendre la guirlande qui traverse un bon tiers de la scène et qu’a fait bouger le drapeau agité par le Gavroche.
Silence au plateau ! Le chef d’orchestre donne le départ à la pianiste et l’explosion de joie musicale déferle dans la cour de l’Archevêché. Mais tout s’arrête rapidement : Christoph Loy explique la façon dont doivent se mouvoir les groupes rassemblés dans cette scène de liesse populaire imaginée par Charpentier. On voit de proche en proche les silhouettes des équipes du Festival apparaître aux fenêtres des bureaux qui entourent la cour pour observer la fête montmartroise qui bat son plein. L’un des assistants du metteur en scène est monté au plateau pour expliquer, avec de grands gestes, l’attitude que doivent prendre les nombreux protagonistes. Ich hab’ alles gesagt ! finit-il par crier en se retournant vers Christof Loy. La soirée avance et l’équipe de production veille à ce que les enfants de la maîtrise ne rentrent pas trop tard chez eux – sans doute surexcités par la répétition intense.
21h30 – Après la pause, le metteur en scène et son équipe s’installent au milieu des gradins pour observer un filage avec piano de l’acte I – les conversations et les derniers éclats de rire s’éteignent, retour au calme après ce débordant début de l’acte III. Dès le lever de rideau, le jeu d’Elsa Dreisig qui incarne Louise est bouleversant de vérité : à l’affût des allées et venues dans ce lieu de passage, elle épie l’arrivée de quelqu’un, elle semble craindre que quelque chose se manifeste.
Le drame lyrique de Charpentier s’ouvre sur un duo entre Louise et Julien, stoppé net par le retour de la mère, suivie de peu par le père de Louise. Mais au terme du duo d’Elsa Dreisig et Nicolas Courjal, qui interprète le rôle du père, le filage s’interrompt. Sophie Koch, qui campe la mère de Louise, doit fermer les volets des immenses fenêtres qui clôturent l’arrière-scène en conférant au décor une illusion de profondeur. Christof Loy voudrait que le geste scénique se fasse peu à peu, beaucoup plus progressivement – comme un étau qui se resserre insensiblement sur Louise, claquemurée dans son triangle familial. Les déplacements des personnages, leurs expressions faciales et leurs moindres mouvements sont pesés par l’œil scrutateur de l’équipe de mise en scène.
Dans la fosse et en salle, pianistes et chefs de chant font équipe : alors que Sylvaine Carlier interprète tout l’orchestre au piano, aux côtés de l’assistant du chef d’orchestre, Mathieu Pordoy suit attentivement la répétition et ne cesse de prendre des notes. De retour en studio, il faudra parfaire la prononciation d’un mot, suggérer une liaison de phrasé différente, proposer une autre interprétation d’une phrase musicale. Leur rôle n’est pas seulement d’accompagner les chanteurs au piano, mais aussi de les aider à s’emparer des subtilités stylistiques de l’œuvre.
Il est près de minuit et demi et la répétition s’achève. Christof Loy et son équipe ont pris tout un cahier de notes qu’ils transmettront à l’équipe le lendemain. Les essais lumière se poursuivront jusque tard dans la nuit.
François Delécluse

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez

Répétitions Louise de Charpentier — Festival d'Aix-en-Provence 2025
Direction musicale : Giacomo Sagripanti — Mise en scène : Christof Loy
© Jean-Louis Fernandez