DÉCÈS DE PIERRE AUDI, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE

Au festival
samedi3mai 2025

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C’est avec une immense tristesse que l’équipe du Festival d’Aix-en-Provence vient d’apprendre le décès brutal de Pierre Audi, survenu dans la nuit de vendredi 2 à samedi 3 mai à Pékin. Le monde de la création artistique perd un immense artiste et directeur d’institution, citoyen du monde à la croisée des cultures méditerranéennes et occidentales. Comme metteur en scène, il s’est mis tout entier au service des œuvres, dans des réalisations associant sens du récit, épure et incarnation – parcourant quatre siècles d’opéra, mais avec une prédilection particulière pour le baroque, Wagner et la création contemporaine. Il a été le directeur d’institutions prestigieuses : Théâtre de l’Almeida de Londres entre 1979 et 1989, Opéra National d’Amsterdam entre 1988 et 2018 – soit une durée de trente ans –, Holland Festival entre 2004 et 2014, Park Avenue Armory de New York depuis 2015, où il n’a eu de cesse de vouloir renouveler le rapport entre les œuvres, les lieux et les publics, entre l’opéra et les autres disciplines artistiques, entretenant une relation unique d’écoute et de fidélité avec les grands maîtres d’œuvre et compositeurs et compositrices d’aujourd’hui. Ce fut particulièrement le cas au Festival d’Aix-en-Provence, dont il avait pris la direction en 2019 et qui était devenu extrêmement cher à son cœur, avec des réalisations qui ont marqué comme le Requiem de Mozart et la Symphonie Résurrection de Mahler mis en scène par Romeo Castellucci ; les deux Iphigénie de Gluck et la recréation de l’opéra de Rameau Samson. On se souviendra de créations contemporaines unanimement saluées par le public et la critique, et récompensées par les plus grands prix, comme Innocence de Kaija Saariaho, Il Viaggio, Dante de Pascal Dusapin et Picture a day like this de George Benjamin. Il croyait profondément en l’avenir de l’art lyrique (et du théâtre musical), art plus que tout autre apte, selon lui, à surmonter toutes les crises. En ce moment de grand chagrin, toutes nos pensées les plus émues et les plus chaleureuses vont à sa femme et ses enfants, sa famille et ses proches.

Pierre Audi

Pierre Audi © Sarah Wong

Né à Beyrouth, Pierre Audi étudie à Oxford et crée à Londres en 1979 le Théâtre Almeida et son festival de musique contemporaine, qu’il dirige jusqu’en 1989. De 1988 à 2018, il est directeur artistique de l’Opéra d’Amsterdam, où il crée la plupart de ses mises en scène et travaille avec des plasticiens tels que Karel Appel, Georg Baselitz, Anish Kapoor, Jonathan Meese. Parallèlement, il signe la mise en scène d’œuvres contemporaines : Neither de Feldman, Rêves d’un Marco Polo de Vivier, aus LICHT de Stockhausen et les créations mondiales d’œuvres de Rihm, Henze, Tan Dun, Vir, Saariaho, Knaïfel et Trojahn. Il met en scène Vénus et Adonis, Tamerlano et Parsifal à l’Opéra de Munich ; La Flûte enchantée et Dionysos au Festival de Salzbourg ; Tamerlano, Alcina et Zoroastre au Drottningholm Court Theatre ; La Juive, Tosca et Fin de partie à l’Opéra national de Paris ; Rigoletto à l’Opéra de Vienne ; Partenope au Theater an der Wien ; Pelléas et Mélisande, Iphigénie en Aulide, Iphigénie en Tauride, Orlando, Tamerlano et Alcina à La Monnaie de Bruxelles ; Le Mariage secret, Orlando Furioso, Médée de Charpentier et Tristan et Isolde au Théâtre des Champs-Élysées ; Attila et Guillaume Tell au Metropolitan Opera de New York ; Gisela! à la Ruhrtriennale ; La Conquête du Mexique et Bomarzo au Teatro Real de Madrid. L’artiste signe la mise en scène des créations mondiales de Thebans d’Anderson à l’English National Opera, Penthésilée de Dusapin à La Monnaie de Bruxelles, Theatre of the World d’Andriessen à l’Opéra d’Amsterdam et Fin de partie de Kurtág à la Scala de Milan. Il dirige pendant trente ans l’Opéra d’Amsterdam, présentant la première Tétralogie de Wagner aux Pays-Bas ainsi que de nombreuses autres productions : Les Troyens, Parsifal, Lohengrin, Tristan et Isolde et plusieurs œuvres de Schönberg, Puccini, Mozart, Rossini, l’ensemble des œuvres lyriques de Monteverdi et plusieurs créations mondiales. De 2004 à 2014, il est directeur artistique du Holland Festival. En 2018, il prend la direction du Festival d’Aix-en-Provence. Depuis 2015, il est également directeur artistique du Park Avenue Armory à New York. Parmi les nombreuses distinctions qui lui sont décernées : le Leslie Boosey Award, le Prix de la Critique néerlandaise, le Prix Prins Bernhard Cultuurfonds, la Médaille d’argent de la Ville d’Amsterdam, la Médaille d’or du Théâtre royal de Drottningholm, le premier Johannes Vermeer Award, et la Médaille d’or des arts et des sciences décernée par la famille royale d’Orange-Nassau. Pierre Audi est chevalier de l’Ordre du Lion néerlandais, chevalier de la Légion d’honneur et officier des Arts et des Lettres. Au nombre de ses productions récentes : la création de L’Apocalypse arabe de Odeh-Tamimi et Il ritorno d'Ulisse in patria au Festival d’Aix-en-Provence, Orphée et Eurydice au Mai musical florentin et Simon Boccanegra au Nouveau Théâtre national de Tokyo et à l’Opéra national de Finlande, la version française de Macbeth au Festival Verdi du Teatro Regio de Parme, ainsi que Siegfried et Götterdämmerung à La Monnaie de Bruxelles.